hommage /
exposition
L’univers iconographique et symbolique de Laura Sheleen
Exposition proposée par Pascale Diaz
art-thérapeute et plasticienne
Studio Le Regard du Cygne
septembre 2022
Il ne faut pas se tromper, les références utilisées par Laura Sheleen ne sont pas ésotériques, bien qu’elles puissent le laisser penser.
Laura Sheleen fait siens les grands repères qui ont construits l’humanité ; l’observation antédiluvienne de la course du soleil, en écho avec celle de la lune, a façonné l’esprit des hommes. Du fond des âges, tournant leurs regards vers les étendues terrestres, célestes et le cosmos, ils ont compté et construit le Temps et l’Espace.
Ces constructions sont faites des repères actés par nos pairs. Rien n’est gratuit dans ce qui participe à l’avènement de l’esprit, de la conscience ; ni geste, ni parole, ni représentation, ni édifice.
Ces repères nourrissent la danse de Laura Sheleen. Ils sont repères symboliques dans ses chorégraphies. Dessins aux formes de cercle, de carré, de triangle.
Non, rien n’est gratuit.
Chaque pas poursuivi, construit celui qui le fait, le rendant danseur plein, dorénavant solaire.
Laura Sheleen, artiste inspirée par les arts de la danse a élaboré un travail sans cesse à remettre en perspective ainsi qu’elle l’entendait.
Processus théâtral ou processus de danse, deux directions de travail complémentaires qui sont le fruit de ses investissements en sciences humaines et réflexions artistiques.
THÉÂTRE POUR DEVENIR AUTRE
Tel est le titre de son ouvrage paru en 1983 (EPI Editeur), sur le processus théâtral où chacun est auteur de son projet.
L’investissement artistique de Laura Sheleen a trouvé des résonances dans la pensée jungienne. Elle intègre l’expression créative de chacun, dans un parcours d’individuation.
Fabrication de ses propres « masques intimes », puis, mises en jeu non verbaux sur la scène, jeux devant le groupe, interaction avec les autres personnages masqués, suivi de « paroli », expression verbale du protagoniste et retour du public, sont les expériences véritables que chaque participant est encouragé à réaliser.
Constituées d’étapes très spécifiques, ces pratiques demandent persévérance dans le temps. Le participant est acteur dans une émergence de processus créatifs. Mythologie et symbolisme sont évocateurs, pour engager le processus initié, dans la pratique théâtrale codée, proposée.
Le Mythodrame est une méthode qui découle de ses réflexions et pratiques développées internationalement, sur le chemin de l’INDIVIDUATION, théorisée par C.G. Jung. Outils d’évolution personnelle, utilisables par des pratiquants initiés mais pas seulement, car en même temps, outils d’inspiration créative, artistique.
Laura Sheleen faisait sienne la pensée de Curt Sachs : « On ne peut pas savoir si c’est le masque qui a engendré la danse ou la danse qui a engendré le masque. » (sic)
CORPS-ESPACE-TEMPS
Chacun apprend et prend sa place dans un projet chorégraphié. Compter, dessiner sont associés aux mouvements du corps dans l’espace. L’inspiration des civilisations anciennes, a été recherchée par Laura Sheleen, pour inscrire chaque mouvement, chaque chorégraphie, dans une histoire fondant l’humanité. Paradoxalement, la danse de Laura Sheleen est « ici et maintenant », nourrie de ce qui nous a précédé dans l’histoire de l’humanité, jalonnée de symboles ; dessin en soi, dessin fondé. Les danses pour attirer la ferveur des Dieux, la danse pour manifester sa joie, la danse pour dire ses peines, la danse langage. De la danse classique à la danse moderne, les danseurs sont, sans cesse, à remettre en perspective ce que le mouvement du corps peut provoquer à l’esprit, qui lui aussi, provoque le corps dans un élan nouveau. Dans un ordonnancement nouveau, les pas séparent l’espace et créent une figure. Un rythme crée une musique où le corps en marche, finalement, danse une histoire ancienne et contemporaine, à la fois. Là est Laura Sheleen.
Pascale Diaz
« La fabrication des masques, des danses, des musiques, sont des activités de représentation, poursuivies avec l’intention, le besoin même, de donner sens à l’apparence de non-sens de notre chaos pulsionnel. » (sic)